Maurice Chappaz |
Reriens Anne, ma sour Anne, quand tous les morts sont partis, à l'épicerie d'enfance où du plancher pointaient les pains de sucre en stalagmites de papiers bleus, où j'achetais les cornets surprise et la bague en fer-blanc. Ma mère avait de noirs cheveux. Je me souviens de la grappe de brouillard : l'haleine de deux chevaux qui stationnaient toujours dans la ruelle tels des moines en prière. Tu as vu? leur peau qui tremble, les yeux plus vastes que des prunes bleues, ils cherchent contre les murs le foin de nos rêves d'hiver. la petite épicerie ne vend plus que le silence et l'errance, un savon et une âme. Voici la fumée qui frissonne et la vitrine gelée. L'instant va venir pour moi d'être pesé avec de minces poids de cuivre et de filer par l'épuisette. Vile ! la clochette de la porte tinte comme un prêtre qui passe : - Dix sous d'éternité? |
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Maurice Chappaz (1916 - 2009) |
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Portrait de Maurice Chappaz | |||||||||
BiographieMaurice Chappaz esi né le 21 décembre 1916, dans une vieille famille de notables el d'avocats de Martigny. Son oncle, Maurice Troillei, grand propriétaire de vignobles, sera Conseiller d'Etat du Valais pendant quarante ans et président du Conseil national suisse. C'est lui qui soutiendra Maurice Chappaz lorsque celui-ci, refusant de poursuivre ses études de droit, rompra avec sa famille pour se co Orientation bibliographiqueNé en 1916 à Lausanne, Maurice Chappaz passe son enfance à Martigny et à l'Abbaye du Châble, demeure familiale. Il fait ses études au collège de l'Abbaye de Saint-Maurice où il obtient une maturité latin-grec. Dès 1937, il suit des cours de droit à Lausanne qu'il abandonne en 1940 pour des études de lettres à Genève. La même année, Un homme qui vivait couché sur un banc lui vaut un prix de la revu |
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