Max Jacob |
Jésus ! vous avez préparé le palais vert de la nature pour les hommes et vous avez groupé les animaux. Vous avez illuminé l'azur et vous avez mis l'air frais toujours nouveau. Vous avez répandu l'esprit dans l'univers et vous avez donné aux hommes le cerveau. Vous avez inventé auprès de la souffrance si nécessaire à l'homme et qui fait progresser l'habitude, la prière, la force et la prudence qui la fait supporter. Jésus ! vous avez mis votre exemple sur terre et vous avez laissé les avis du salut. Vous avez déposé le Sang-Esprit lumière qu'on doit avoir en soi pour être votre élu. Et puis vous êtes là pour surveiller le monde tant que le monde ira vous serez près de nous par votre ange et par vous la nature est féconde et c'est à vous qu'on doit ses aspects grands et doux par vous aussi le bien triomphe sur le vice synonyme d'intelligence est la vertu. Par vous l'une et l'autre complices finissent par chasser l'ouvre du mal têtu. Vous m'avez appelé un jour dans votre église vous m'avez consolé, vous m'avez désigné le vrai chemin hors des marais où l'on s'enlise et vous m'avez reçu quand les rois me chassaient. Depuis que je Vous ai, oh ! que la vie est douce ! Une prière ! et tout me vint en un moment le chagrin n'est plus qu'une leçon jalouse d'attendrir mon cour pour son perfectionnement. J'étendrai mon esprit du pavé jusqu'au dôme mon amour creusera le terrain sous vos pieds mon amour fumera tout en haut des colonnes et les autels de Dieu en seront émaillés. Voyez ! j'ai parsemé des gestes les plus tendres pour l'aplanir la dalle où vous devez venir comme un enfant qui va des genoux et du ventre. Je suis un brasero dont Vous soufflez la braise et mes pensées poissons sautent de la fournaise des matelas de crin de l'animal instinct. Velu, crotté, peureux l'homme est dans les égouts embroché parqué dans ses frontières les purins de cadavre lui montent aux genoux il maquille des , il parfume de loin sa misère ô l'éternel malade des landes, de ses toisons d'où s'entend la voix basse des trahisons. Or, petit que je sois derrière mes cloisons j'ouvre mes deux poitrines c'est pour nourrir un arbre aux sanglantes racines. Ses feuilles cacheront Ton Visage, ô Saint Discret. Mais les décombres du mien moi vivant enterré tout seul recevront sous la voûte des branches. Je vous dois l'air que je respire et la lumière que je vois je vous dois l'été après lequel j'aspire et je vous dois l'eau que je bois je vous dois le ciel bleu, les plaines, les monts, les bois je vous dois de parler, je vous dois de comprendre je vous dois ce corps plein de chaleur je vous dois ces deux mains qui se meuvent pour prendre et ces deux pieds agiles et ces yeux enfantins je vous dois mes bonheurs et mes heureux malheurs le droit de travailler et de rire à mes heures. J'admire la nature, de la cime au brin d'herbe tout proclame Ta Force et tout vient de Ton Verbe. Mon Dieu, il n'est pas dans l'univers un son qui ne s'échappe sans votre permission il n'est pas un cheveu qui ne tombe sans vous et nous devrions Vous bénir tout le jour. J'ai pleuré, j'ai souri au travers de mes larmes j'ai donné à chacun, je me donne pour l'art. Voici mon sang : prenez ! J'aurais donné ma vie. |
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Max Jacob (1876 - 1944) |
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Portrait de Max Jacob | |||||||||
Orientation bibliographique / Ouvres1903 Le Roi Kaboul l et le marmiton Cauwain. Livre de prix pour les écoles (Picard et Kahn), Paris, Librairie d'éducation nationale, 1904. BiographieIl passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani. Juif de naissance, il se convertit au catholicisme. Logeant au 7 de la rue Ravignan, l'image du Christ lui apparaît le 22 septembre 1909 sur le mur La vie et l'Ouvre de max jacobChronologie |
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