Max Jacob |
Quoi ! ton esprit, Seigneur, sur mes grabuges. Sur mes décombres clandestins. Pardon ! l'amour vainqueur ne m'était qu'un refuge. Déplaire à Dieu est tout ce que je crains. J'avoue, j'avoue (puisque l'aveu ça compte) j'avoue l'impudeur et la honte la chair, harpon terrible et l'assassin hélas ! mon Dieu, de tout ce qui m'est saint. J avoue mon cour craquant pour d'autres que pour vous Ah! Soyez-moi l'asile des vieillards et des fous. Déplaire à Dieu est tout ce que je crains. Plate est la vie sans portefeuille nul compte en banque plate est la poche comme feuille aux revers du veston voici passer les crins rien qui ne manque. Déplaire à Dieu est tout ce que je crains. Je prie qu'au moins cet amour me délaisse l'âge n'est plus pour moi des aubes et des nuits. Je prie ! si l'âge et Dieu veulent que l'on engraisse qu'aux gibets de Vénus on préfère l'ennui. Les Deux cavaliers sur la plage un grand arbre est sur le chemin l'amour balaie le rivage la mer attend leurs destins. Tu souffres si je t'abandonne je souffre en restant près de toi. L'amour passe comme un cyclone au vent le chêne reste droit. M'entendre dire que je t'aime est le plus grand bonheur pour toi et te le dire est un blasphème au nom de Jésus mis en croix. L'Amour, l'enfer, m'épouvantent les deux cavaliers sont morts, on voit leurs chevaux sur la lande la nuit quand il vente très fort. Dieu pendu, Dieu vivant je puis parler encore. Étouffement n'empêche de penser. Mon âme est Dieu, celle que tu adores, mon âme est Dieu, écoutez-moi, vivants. Pardonnez tout ; le crime et l'adultère, voilà ma loi, la loi que Dieu nous donne. Prenez-les comme je vous pardonne. Voici la loi : la Vierge est votre mère. Saint Jean l'aimant recueille-la chez toi, comme en tous lieux la Vierge débonnaire sera reçue comme âme des vivants. Et vous Dieu Père n'abandonnant pas la terre, la terre crie : ne m'abandonnez pas ! dans cette nuit où la France se terre, je dis, mon Dieu, ne l'abandonnez pas. « J'ai soif»... mon Dieu ! ce qui vous désaltère, c'est notre amour au vôtre répondant. Regardez donc au fond de mes artères, c'est votre nom qui coule avec mon sang. Tout est accompli, parole dernière. Vous avez soif ! voici que je vous offre, mon Dieu, mon corps jadis créé par Vous, qu'il n'y ait plus de zone limitrophe entre la croix et mes pauvres genoux. Mon Dieu ! j'ai peur !... ne vois-tu pas ta mère comme un métal par le chagrin raide. Mais son absence n'empêche pas qu'opère sa grâce en toi selon ton appétit. Depuis ce temps je vais au Saint Sépulcre : pleurer l'amour de mon Dieu torturé. C'est dans la grotte où l'esprit nous embusque qu'il faut aller quérir la vérité. Est-ce la place de Dieu sur cette dalle Voyez un peu l'étrange événement. Dieu quittant tout, ses couronnes pour venir là mourir comme un dément. Vous, habitant des siècles de la terre, vous qui naissez et mourez en pleurant, tournez tournez les yeux vers le Calvaire, et jusqu'au jour du Dernier Jugement. Le Dieu pendu ! c'est un cadavre ! Les yeux vitreux et l'épaule en avant, dehguré par le fer qui le navre, les mains tordues, détendues et plissant Isous les clous], le corps marqué par les coups de lanières. Jusqu'à ce cri, il était bien vivant ; la vie de désir est partie d'un seul coup, reléguée aux rester debout car c'est bientôt jour de Pâques fleuri. D'où ? et d'où ? de partout ! je suis la connaissance ! la terre ? un diamant que les Dieux ont taillé et pourtant « Je » suis là au milieu des essences et des êtres vivants venus pour batailler. L'Esprit c'est Prométhée sur ta cime, ô Caucase vous anges ou démons, regardez-le de loin. J'aurais voulu toucher les pieds de cet esclave quand j'approchais de lui ce fut l'Autre qui vint. Prométhée dit : « Non, non, je suis l'arbre de science. Le chêne de Dodone est un métal de lance... Mes feuilles dans le vent disent tous les secrets. » Quand j'approchais de lui l'Autre me dit « Pleurez ! » Ce n'est pas de partout qu'arrivera la Science mais d'un Seul Corps ami qui fait corps avec vous. Non, non pas de Caucase. Amour et révérence le seul Sang d'une chair que l'on prend à genoux. L'épaule de Jésus, vous y mettrez la tête et Ses cheveux feront de l'ombre à votre cou laissez les agneaux d'or d'Apollon chez Admète il n'est qu'un seul agneau qui guérisse les fous. Cet agneau c'est un homme et cet homme c'est vous. |
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Max Jacob (1876 - 1944) |
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Portrait de Max Jacob | |||||||||
Orientation bibliographique / Ouvres1903 Le Roi Kaboul l et le marmiton Cauwain. Livre de prix pour les écoles (Picard et Kahn), Paris, Librairie d'éducation nationale, 1904. BiographieIl passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani. Juif de naissance, il se convertit au catholicisme. Logeant au 7 de la rue Ravignan, l'image du Christ lui apparaît le 22 septembre 1909 sur le mur La vie et l'Ouvre de max jacobChronologie |
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