Max Jacob |
Roi et surveillant des falaises de ces étendues un jour tu tireras la couverture de l'Océan. pour en sortir les morts étendus mais tu ne sortiras pas de moi, de mon néant. Veux-tu, ô roi, entrer dans mon néant ? Dis-moi, père d'Adam, ce qu'est la vie de l'Homme le cran d'arrêt de la prière ? Écoute mes lèvres de prière et de gomme je dresse ma tête noire, ô monarque du bonheur il me semble que les rochers s'écroulent Ta colère dans l'inutile élan des houles plus bas est le vide des volcans plus bas que le vide est le vide de mes os mais tu ne t'en iras pas de moi, ô mystère. La plénitude solide est derrière un chaos derrière les arbres la plénitude est un mot. La vérité serait avec Toi en moi. Vagues à vous contempler je perds et perds des heures elles sont vos sourcils, les sourcils du Seigneur. Quand je vois les arbres je pense aux bras du Seigneur qui créa et je vois l'eau qui se balance au regard de l'ave maria et je pense au petit homme ingrat devant un rocher qui s'avance. Vient la nuit à vos yeux augures vienne un livre à vos chevelures un poisson d'or à votre science parce qu'il est une figure. Mon ardeur à serrer le vent celle d'approcher votre visage votre parole à des voyages d'un serviteur la nuit souvent. Un vaisseau qui s'avance au large c'est mon entrée au paradis et la distance c'est la marge entre le Purgatoire et lui. Or tu n'as été qu'une abeille sur terre butinant Dieu mais à la fois tous les poisons et tes ailes puantes et tes poils délétères te condamnent hélas à d'horribles maisons ; tends le cou ton vieux cou ridé vers les ténèbres toi pour avoir versé le péché comme Hébé vers les lacs de bitume où la douleur t'accueille où les tisons doublure des passions te chauffent vers les pays sans arbre et les arbres sans feuille où jettent les démons ton épiderme au feu. Là s'érige en forme de phallus une colonne les gens de ton espèce y sont enterrés vivants pour avoir désiré les modes et la soie ils porteront en eux le poids lourd de la soif, et pour tous leurs sourires, ils pâtiront l'ennui et dans la cécité d'une éternelle nuit. |
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Max Jacob (1876 - 1944) |
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Portrait de Max Jacob | |||||||||
Orientation bibliographique / Ouvres1903 Le Roi Kaboul l et le marmiton Cauwain. Livre de prix pour les écoles (Picard et Kahn), Paris, Librairie d'éducation nationale, 1904. BiographieIl passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani. Juif de naissance, il se convertit au catholicisme. Logeant au 7 de la rue Ravignan, l'image du Christ lui apparaît le 22 septembre 1909 sur le mur La vie et l'Ouvre de max jacobChronologie |
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