Max Jacob |
L'ongle de Dieu ! l'ongle de Dieu a rayé, a rayé la nue, des nues des nuits c'est une craquelure ; l'éclair derrière la nuit devient un glaive et rougoie ainsi qu'un météore. Alors la bouillie verte entre en convulsions entre en fièvre secrète, en extase secrète. Et le cal de la terre se redresse et s'affale le cal noir de la carapace de la terre ! Syllabe par syllabe le Nain au visage destructeur piétine les syllabes du Verbe. Qui s'éveille, s'éveille ? le lamento des coucous ! qui s'éveille ? le madrigal des bourgeons duveteux le baiser des invisibles buveuses de miel ! qui éveille le jeu des tigres de la mort en fuite ? le Printemps dont la tête oscille de boucles folles. L'élite des génies que la musique a attirée escorte le Printemps, le Printemps vétilleux sur le corps amaigri, amaigri de la terre escorte le Printemps, le printemps vétilleux. Sur la carapace calleuse de notre terre pèsent les capsules et les boucles folles le collier blanc des pâquerettes, le collier et les tiges de l'amour timide, humide. L'amour timide, dominateur du monde, métamorphose l'épine et la haie des prunelles, détruit les cygnes qui habitent les ascètes. Qui éveille tes flèches impaires, ô soleil ? Quand j'aurai vu les couleurs de ce monde Où vivent les esprits qui n'attendent plus rien et l'amour océan où les élus s'inondent je croirais dur qu'ici nous sommes comme des chiens. ô jardin fabuleux qu'encense votre grâce Dieu, suivi des regards des saints extasiés ! Là, les sens détendus par la langueur oubliant les fatigues des routes de la terre ils découvrent les perspectives nouvelles du bonheur ils s'inclinent vers la volupté comme vers une rivière aphrodisiaque, ils puisent, fiers amants, dans les girandoles de la grâce, elle bourdonne. Ils réalisent l'union, et désirent ardemment le grondement de la grâce dans la poitrine qui trombone ils scintillent comme des cristaux, ils fleurissent comme des astres, la grâce sort en larmes de leurs yeux sanglants de rubis sur les faces brillantes comme des armes. |
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Max Jacob (1876 - 1944) |
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Portrait de Max Jacob | |||||||||
Orientation bibliographique / Ouvres1903 Le Roi Kaboul l et le marmiton Cauwain. Livre de prix pour les écoles (Picard et Kahn), Paris, Librairie d'éducation nationale, 1904. BiographieIl passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani. Juif de naissance, il se convertit au catholicisme. Logeant au 7 de la rue Ravignan, l'image du Christ lui apparaît le 22 septembre 1909 sur le mur La vie et l'Ouvre de max jacobChronologie |
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