wikipoemes
paul-verlaine

Paul Verlaine

alain-bosquet

Alain Bosquet

jules-laforgue

Jules Laforgue

jacques-prevert

Jacques Prévert

pierre-reverdy

Pierre Reverdy

max-jacob

Max Jacob

clement-marot

Clément Marot

aime-cesaire

Aimé Césaire

henri-michaux

Henri Michaux

victor-hugo

Victor Hugo

robert-desnos

Robert Desnos

blaise-cendrars

Blaise Cendrars

rene-char

René Char

charles-baudelaire

Charles Baudelaire

georges-mogin

Georges Mogin

andree-chedid

Andrée Chedid

guillaume-apollinaire

Guillaume Apollinaire

Louis Aragon

arthur-rimbaud

Arthur Rimbaud

francis-jammes

Francis Jammes


Devenir membre
 
 
auteurs essais
 

Max Jacob



Qui vieillit ? - Prose


Prose / Poémes d'Max Jacob





Mais non Sergine ! restez ! restez ! ne partez pas ! Il y a longtemps que je sais tout ! restez ! Je vais vous dire les choses. Je vais vous dire :

Charles est très joli. Oh ! c'est un homme bien élevé. Mais quand le cour n'y est plus ça se sent. Moi-même je n'ai plus la même ardeur à l'amour et bien que je l'aimasse, toute cette passion m'ennuyait quelquefois... il est très jeune et tous les soirs il avait un autre prétexte pour sortir seul et il a inventé des maladies pour ne plus venir me rejoindre dans la chambre. Lily m'a fait observer que je négligeais ma toilette et petit à petit j'ai acheté des parfums, j'ai fait des dettes pour acheter des robes chic ; il ne s'en apercevait pas. MT Kremline est très gaie, alors j'ai pris des excitants pour être gaie. Il m'a dit « tu es nerveuse, tu devrais te soigner ! » Et puis j'avais beau être très gaie, je n'avais rien à lui dire. Alors j'ai lu toute la journée pour lui raconter les livres, les pièces ; vous savez ce qu'il disait : « Comment une femme aussi intelligente que toi peut-elle s'intéresser à de pareilles inepties ? » Un jour, j'ai eu une idée : j'avais remarqué que vous lui plaisiez, alors je vous ai attirée chez moi, je vous ai fait des cadeaux et surtout des compliments. Il n'y a rien de tel que des compliments pour attirer l'amitié. Vous êtes venue de confiance. Moi je disais à Charles : « Tu ne restes pas ? Sergine sera là dans un instant. Elle sera désappointée si tu n'es pas là. » Il hésitait car il ne voulait pas avoir l'air de rester à cause de vous. II partait mais revenait de très bonne heure en disant : « Vous êtes encore là ? Oh ! que les femmes sont bavardes ! » II s'asseyait. Je lui offrais du marc de framboise. Il adore ça ! Je savais que vous finiriez par me tromper tous les deux ; mais vous ne me trompiez pas puisque je savais... Et puis j'aime mieux être trompée sous mes yeux et savoir que de me douter qu'on me trompe et d'ignorer où, quand et comment. La jalousie c'est moitié curiosité. Il y a autre chose aussi... Il y a la curiosité, le besoin de triompher tout de même en disant un nom, le besoin de se venger, d'être méchante. Vous voyez bien que c'est de ma faute si vous avez Charles. Oui ! je vous l'ai donné, je vous ai donnée à lui.



C'est ma tête qui a fait cette action d'entremetteuse. Mais mon corps ni mon cour ne m'approuvent. Vous étiez mon amie par l'habitude que j'avais de vous et il était mon mari. Maintenant je ne suis plus qu'une pauvre vieille solitaire. Je n'ai plus ni mon amie ni mon mari. Et je vous épie, je me rends encore plus désagréable car je ne sais même pas dissimuler. Je croyais que ma curiosité satisfaite, ma jalousie le serait aussi, mais ma curiosité est affamée et altérée. Je voudrais savoir où vous vous cachez. J'ai payé une police et des domestiques et je sais où vous allez. Ah ! si je disais tout... Je voudrais vous voir vous aimer, me repaître par les yeux, entendre vos paroles d'amour. Vous me direz : « Luttez contre l'ennemi puisque vous connaissez l'ennemi ? » Quelle lutte que celle d'une femme de cinquante ans contre une jolie petite de vingt ? Il faudrait que je parte que je voyage. Quand je reviendrai il sera lassé de vous, contre une jolie petite de vingt ? Il faudrait que je parteet il aura pris l'habitude de la maison... Alors ce sera à recommencer avec une autre ? J'avais pensé à prendre, moi, un amant... il le tuerait, il me tuerait, ou bien il aurait un prétexte pour divorcer, pour partir. Voilà pourquoi je lui ai fait une scène de violence l'autre soir devant vous. Je n'étais nullement en colère mais pour conserver un homme, je pensais qu'il fallait lui faire ce que les hommes prétendent qu'on doit faire aux femmes dans le même but, les battre. C'est pourquoi j'ai cassé le vase de Saxe sur son crâne chauve. Je vais penser à autre chose... c'est la lutte. Je veux que vous restiez - bien plus ! je veux que vous le gardiez. Je ne veux plus qu'il ait une autre maîtresse que vous. Quand vous êtes ensemble, vous êtres sous mes yeux. S'il ne vous avait pas, que ferait-il ? avec qui me tromperait-il ? et moi je veux savoir,... je veux savoir-savoir, savoir. Seulement je ne vous demande qu'une chose... quand je suis là, ne le regardez pas avec ces yeux là. C'est votre regard qui me fait mal.

Contact - Membres - Conditions d'utilisation

© WikiPoemes - Droits de reproduction et de diffusion réservés.

Max Jacob
(1876 - 1944)
 
  Max Jacob - Portrait  
 
Portrait de Max Jacob

Orientation bibliographique / Ouvres

1903
Le Roi Kaboul l et le marmiton Cauwain. Livre de prix pour les écoles (Picard et Kahn), Paris, Librairie d'éducation nationale, 1904.

Biographie

Il passe toute sa jeunesse à Quimper (Bretagne), puis s'installe à Paris, où il fréquente notamment le quartier de Montmartre et se fait de nombreux amis dont Picasso, qu'il rencontre en 1901, Braque, Matisse, Apollinaire et Modigliani.

Juif de naissance, il se convertit au catholicisme. Logeant au 7 de la rue Ravignan, l'image du Christ lui apparaît le 22 septembre 1909 sur le mur

La vie et l'Ouvre de max jacob


Chronologie


mobile-img