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Pierre Corneille |
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Source délicieuse, en misères féconde, Que voulez-vous de moi, flatteuses voluptés? Honteux attachements de la chair et du monde, Que ne me quittez-vous, quand je vous ai quittés? Allez, honneurs, plaisirs, qui me livrez la guerre : Toute votre félicité, Sujette à l'instabilité, En moins de rien tombe par terre ; Et comme elle a l'éclat du verre, Elle en a la fragilité. Ainsi n'espérez pas qu'après vous je soupire : Vous étalez en vain vos charmes impuissants; Vous me montrez en vain par tout ce vaste empire Les ennemis de Dieu pompeux et florissants. Il étale à son tour des revers équitables Par qui les grands sont confondus; Et les glaives qu'il tient pendus Sur les plus fortunés coupables Sont d'autant plus inévitables, Que leurs coups sont moins attendus. Tigre altéré de sang, Décie impitoyable, Ce Dieu t'a trop longtemps abandonné les siens; De ton heureux destin vois la suite effroyable : Le Scythe va venger la Perse et les chrétiens; Encore un peu plus outre, et ton heure est venue; Rien ne t'en saurait garantir; Et la foudre qui va partir, Toute prête à crever la nue, Ne peut plus être retenue Par l'attente du repentir. Que cependant Félix m'immole à ta colère; Qu'un rival plus puissant éblouisse ses yeux; Qu'aux dépens de ma vie il s'en fasse beau-père, Et qu'à titre d'esclave il commande en ces lieux : Je consens, ou plutôt j'aspire à ma ruine. Monde, pour moi tu n'as plus rien; Je porte en un cour tout chrétien Une flamme toute divine; - Et je ne regarde Pauline Que comme un obstacle à mon bien. Saintes douceurs du ciel, adorables idées, Vous remplissez un cour qui vous peut recevoir : De vos sacrés attraits les âmes possédées Ne conçoivent plus rien qui les puisse émouvoir. Vous promettez beaucoup, et donnez davantage : Vos biens ne sont point inconstants, Et l'heureux trépas que j'attends Ne vous sert que d'un doux passage Pour nous introduire au partage Qui nous rend à jamais contents. C'est vous, ô feu divin que rien ne peut éteindre, Qui m'allez faire voir Pauline sans la craindre. Je la vois; mais mon cour, d'un saint zèle enflammé, N'en goûte plus l'appas dont il était charmé; Et mes yeux, éclairés des célestes lumières, Ne trouvent plus aux siens leurs grâces coutumières. |
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Pierre Corneille (1606 - 1684) |
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Portrait de Pierre Corneille | |||||||||
Biographie / OuvresLe berceau de la famille Corneille est situé à Conches-en-Ouche où les Corneille sont agriculteurs et marchands tanneurs. Le plus lointain ancêtre retrouvé est Robert Corneille, arrière-grand-père du dramaturge, qui possède un atelier de tannerie établi en 1541. ChronologiePierre Corneille naquit à Rouen le 6 juin 1606. |
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